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Exercice naval franco-indien VARUNA 23.1 dans l’océan Indien

Valentin CARRET

28 févr. 2023

Renforcement du partenariat stratégique entre New-Dehli et Paris...

Du 16 au 20 janvier, le groupe aéronaval français (GAN) français composé autour du porte-avions Charles de Gaulle a mené dans le cadre de la mission ANTARES un exercice naval avec l’Inde au large de Goa. Baptisé par VARUNA 23 et tenu de façon annuelle entre les deux Etats, il consiste à renforcer l’interopérabilité des forces navales indiennes et françaises. L’année 2023 marque le vingt-cinquième anniversaire du partenariat stratégique conclut entre Paris et New-Dehli.


L’Etat-Major des Armées (EMA) précise ainsi que plusieurs frégates indiennes et françaises ont opéré autour du porte-avions dans différents domaines de lutte. VARUNA 23 a contribué, dans les airs comme sur et sous mer, à préparer les équipages des deux Etats aux défis sécuritaires communs auxquels ils peuvent faire face en océan Indien. De cette façon, les deux marines ont confirmé « leur capacité à assurer la sécurité de l’espace aéromaritime en océan Indien » et illustrent « le dynamisme du partenariat stratégique entre ces deux pays, soucieux de faire en sorte que l’Indo-Pacifique demeure un espace libre, stable, ouvert et prospère ». Dans le même temps, trois Rafale M du Groupe Aérien embaqué (GAé), accompagné d’un A330 MRTT de l’Armée de l’Air et de l’Espace ont rejoint Singapour afin d’effectuer un exercice avec l’armée de l’air locale. Ces deux exercices démontrent la considération stratégique française de l’espace Indo-Pacifique, compris comme une région stratégique fondamentale. De fait, l’Inde et les pays d’Asie du sud-est à l’image de Singapour demeurent des partenaires essentiels pour la paix et la prospérité dans la zone.


Aussi, VARUNA 23 témoigne que la France et l’Inde œuvrent au respect du droit international de la mer ainsi qu’à la liberté de navigation. Au XXIème siècle, les océans sont devenus une véritable zone de frictions et de confrontations tant certaines puissances ont des intérêts grandissants. A ce sujet, le capitaine de frégate François-Olivier CORMAN suppose que « la liberté d’action des marines occidentales [dans les océans] y est contestée par la prolifération d’une menace missile, d’une menace sous-marine et d’une menace asymétrique de plus en plus exigeantes, corollaires du retour des Etats puissances […] ». Vitaux pour l’humanité, cœur névralgique d’une société mondialisée, les océans sont en proie à une recrudescence de différentes velléités nationales s’affranchissant du droit international.


L’océan Indien est quant à lui central pour les exportations de matières premières et de produits manufacturés en direction de l’Europe. Les principales routes commerciales y transitent, longeant notamment les côtes de l’Inde. Face à l’évolution du contexte géopolitique des océans, la France comprend l’intérêt stratégique que représente l’océan Indien et sa Marine est engagée dans diverses opérations afin de sécuriser les flux vitaux le traversant (opérations ATALANTE et AGENOR). Néanmoins, la Chine est également consciente de l’intérêt stratégique de l’océan Indien. Elle apparaît comme le compétiteur principal de la France et de l’Inde dans la région. En développant ses nouvelles routes de la Soie, elle renforce ses partenariats stratégiques avec certains Etats (Pakistan, Bangladesh, Sri Lanka…), enclavant de facto l’Inde. Or, à travers l’exercice VARUNA 23, Paris et New-Dehli confortent leur partenariat stratégique. De plus, pour rappel en possédant des territoires dans la région, la France est une nation riveraine de l’océan Indien. La projection de sa Marine peut ainis influencé la capacité d'influence chinoise dans la région. En améliorant son interopérabilité avec la Marine indienne, Paris démontre sa capacité militaire à se déployer loin de sa métropole et à protéger ses intérêts dans la zone, tout en coopérant efficacement avec la principale puissance régionale. Un tel signalement stratégique de forces navales représenté par VARUNA 23 témoigne que la France et l’Inde sont attachées au respect du droit international, et que New-Dehli peut compter sur les forces armées françaises afin de protéger ses approches maritimes dans la région.


Aussi, l’Inde et la France pratiquent régulièrement des manœuvres navales en commun, et la tenue de l’exercice annuel VARUNA en 2023 en est l’exemple parfait. Les différentes forces ont été déployées afin d’améliorer leur coopération en matière de lutte aéronavale ou de lutte anti sous-marine notamment. La présence du porte-avions Charles de Gaulle conférait une teneur particulière à l’évènement en permettant aux frégates et à l’aéronavale indienne de coopérer avec le GAN français à travers la réalisation manœuvres singulières. Actuellement, l’Inde procède aux essais à la mer de son premier porte-aéronef de conception nationale, l’INS Vikrant. Les pilotes de MIG-29K indiens ont alors pu profiter de la présence du porte-avions français pour effectuer des approches d’appontages. Aussi, à travers ce partenariat stratégique, la France s’affirme également comme un fournisseur d’armes central pour l’Inde, notamment pour les futurs chasseurs qui pourront opérer depuis le pont d’envol du Vikrant. En effet, les chasseurs russes MIG-29K susvisés ne peuvent être projetés depuis le système du nouveau bâtiment indien. New-Dehli a alors émis un appel d’offre, et la France est en concurrence avec le F-18 américain pour la possible vente de plusieurs Rafale Marine. L’armée de l’air indienne opère dors-et-déjà avec des Rafale, et la possible acquisition de son homologue en version navale est à l’étude.


Ce partenariat stratégique permet de fait à l’Inde d’acquérir du matériel militaire français de pointe, tout en renforçant sa coopération bilatérale avec la France. Présent sur le pont d’envol du Charles de Gaulle lors de son escale à Mormugao, l’ambassadeur de France en Inde Emmanuel LENAIN a annoncé que Paris était engagé à fournir aux forces armées indiennes du matériel militaire de haute technologie sans restriction en fonction de leurs besoins sécuritaires. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, E. LENAIN a rappelé la nécessité pour l’Inde d’être moins dépendante de la Russie concernant la fourniture d’équipements militaires, d’autant que la France demeure une excellente option afin d’aider New-Dehli à la fondation d’une base industrielle de défense viable. Par le passé, l’Inde et la France avaient signé un contrat pour l’acquisition de six sous-marins de type Scorpène. Cet accord prévoyait un transfert de technologie de la part de Naval Group (ex DCNS) à la marine indienne pour la construction directement à Bombay des bâtiments. Le possible achat de six nouveaux Scorpène ou de Rafale Marine renforce ce partenariat stratégique, où la France s’affiche comme un allié principal de l’Inde dans la zone Indo-Pacifique.


Sources Images : EMA/Indian Navy

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